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Jesse Cook, globe-trotteur de la guitare

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Mine de rien, Jesse Cook est dans le paysage musical depuis 20 ans et il en est à son neuvième album studio avec One World, son plus récent. Pourtant, il a souvent l’impression qu’il vient tout juste de commencer son odyssée musicale et n’aime pas trop être enfermé dans une catégorie. Il sera en concert ce soir et demain à la Maison symphonique.

«Comme musicien, je viens de trois traditions. J’ai étudié en classique pendant plusieurs années, puis j’ai étudié le flamenco et finalement le jazz au Berklee College of Music, à Boston, dit-il. Maintenant, je ne sais pas ce que je fais comme musique. Je fais ce que j’ai envie de faire et je ne veux pas trop y penser. On m’a classé dans diverses catégories avec le temps, mais je laisse ce soin aux autres. Il y a des artistes qui s’inscrivent dans une tradition et veulent être les meilleurs dans celle-ci. D’autres apprennent les règles, puis essaient de les briser pour créer quelque chose de nouveau. Je me considère comme du second camp, et j’essaie que chacun de mes disques soit différent des autres. Les gens peuvent bien appeler cela comme ils veulent.»

Mais si l’on tient absolument à décrire One World, le terme «musique
du monde» serait sans doute le plus approprié.

«Auparavant, j’ai déjà enregistré des albums en Égypte, en Colombie, en Louisiane. Chaque album avait une influence culturelle assez précise. Mais avec celui-ci, je voulais prendre du recul et voir le monde dans son entier. Je voulais aussi provoquer une rencontre de l’ancien et du moderne. Il y a beaucoup d’électronique et de sons industriels, mais aussi des instruments anciens comme le duduk d’Arménie. On peut l’entendre sur plusieurs pièces, notamment Bombay Slam.»

Découvertes à l’ordinateur

Bien qu’il ait fait le tour du monde avec sa guitare, Jesse Cook donne surtout des spectacles en Amérique du Nord depuis quelques années. Père d’un petit garçon, il vit à Toronto et compose dans son studio, à la maison.

«Pour cet album, j’ai commencé par travailler à l’ordinateur. Mon fils avait 7 ans à ce moment-là et il insistait pour que je le laisse manipuler l’ordinateur. Il s’est mis à ouvrir toutes sortes de programmes, et je me suis dit: “Mon Dieu, il va briser quelque chose”, alors je suis sorti de la pièce. Quand je suis revenu, il avait ouvert un programme que je n’avais jamais vu, une banque de sons que je n’avais jamais utilisée. Ce que j’ai découvert grâce à lui s’est retrouvé sur mon album.» Comme compositeur, c’était la première fois qu’il utilisait autant de séquences et de boucles musicales (loops), mais cela ne changera pas définitivement son approche pour autant.

«Quand j’ai fait mon avant-dernier disque, The Blue Guitar Sessions, il y avait une forte influence jazz, dit-il. J’ai aimé faire du jazz, mais j’espérais déjà que pour mon prochain album, je ferais complètement autre chose. Je ne veux pas rester au même endroit. Ce n’est pas pour moi. Chaque album est un nouveau voyage.» Que ceux qui n’auraient pas réussi à mettre la main sur un billet pour la Maison symphonique – ils se sont tous vendus en un temps record – se consolent: Jesse Cook reviendra jouer dans la région cet automne.

«Je vais faire le tour: Terrebonne, Beloeil et d’autres villes aux alentours de Montréal. C’est toujours un plaisir de venir ici.»


La Presse, Collaboration spéciale, par Caroline Rodgers