One World: Un monde selon Jesse Cook (ENTREVUE)
May 1, 2015
Pour son nouvel album intitulé One World le guitariste virtuose canadien Jesse Cook désirait proposer un univers mariant les genres, les cultures et les époques. En un sens, tout est dans le titre de l’oeuvre ! Deux mois avant ses éventuels concerts à la Maison symphonique de Montréal, qui seront offerts à guichets fermés, le Torontois a rencontré notre journaliste du Huffington Post dans un hôtel du centre-ville.
«J’ai tenté d’inventer un monde. Mes disques préférés sont ceux qui me permettent de plonger et de vivre une expérience unique. Je crois avoir vécu cette première sensation en écoutant Dark Side of the Moon (1973) de Pink Floyd quand j’étais jeune (il a aujourd’hui 50 ans). Je me rappelle avoir été complètement happé par cet album. Plus tard, à l’âge adulte, il m’est arrivé la même chose avec le disque Passion (1989) de Peter Gabriel. J’ai toujours été inspiré par ces oeuvres qui captivent et donne l’impression qu’elles ont leur propre univers.»
Bien qu’il provoque spontanément le sentiment du voyage, l’album One World a été entièrement conçu dans son studio de Toronto. Contrairement aux opus Nomad (2003) et The Rumba Foundation (2009), qui l’ont respectivement amené à séjourner en Égypte et en Colombie, Cook ne sentait pas le besoin d’aller ailleurs pour créer son plus récent disque.
«Je sais que les titres évoquent certains lieux sur la mappemonde (Bombay Slam, Taxi Brazil, et même Steampunk Rickshaw). Pourtant, ces titres ont été choisis après que tout soit terminé. Ils sont comme des clins d’oeil apposés à des morceaux instrumentaux. Tout est libre pour l’interprétation. J’ai tenté d’évoquer sans être trop précis. Je voulais seulement qu’ils éveillent l’imagination. Je ne suis pas nécessairement allé dans ces endroits pour créer les morceaux.»
«Certes, j’adore le voyage. C’est aussi une nécessité liée à mon travail. J’ai visité beaucoup de villes. Je dois souligner que certains projets antérieurs m’obligeaient en quelque sorte à aller enregistrer dans des villes étrangères. Par exemple, je suis allé à Lafayette, en Louisiane, pour produire Vertigo (1998). Sur pratiquement tous les albums que j’ai faits, il y avait une connotation géographique. Je transposais mon style hybride à la guitare dans un lieu donné. Cet état peut provoquer la création. Mais cette fois, j’ai voyagé en demeurant à la maison!»
L’arbre
One World est donc une sorte de synthèse des expériences musicales accumulées au fil du temps. Comme le souligne lui-même l’artiste, il a choisi de travailler avec toutes ses influences artistiques – flamenco, classique, rumba, musique du monde, pop, blues, jazz –, plutôt que d’en choisir une seule en particulier.
«C’est pourquoi j’ai voulu mettre l’image d’un arbre (un grand chêne trouvé au milieu des collines en Californie) sur la pochette du disque. Si on prend du recul, on s’aperçoit que toutes les musiques de la planète sont interreliées. C’est comme l’humanité. Nous sommes tous les branches ou les racines d’un même tronc.»
«J’ai aussi joué beaucoup avec l’interaction du passé et du présent, poursuit-il. Les musiques ancestrales peuvent encore avoir une grande influence sur celles d’aujourd’hui. J’ai utilisé des boucles de sons électroniques, des ambiances industrielles, des sonorités étranges produites par les ordinateurs, des bass drums synthétiques… À l’autre extrémité, j’ai utilisé le sitar ou encore le duduk arménien, qui est l’un des plus vieux instruments sur terre, grand ancêtre du saxophone.»
Selon Jesse Cook, rien n’était très intellectuel dans le processus créatif de One World. Au contraire, ce fut assez viscéral. Et cette exploration impliquant les instruments acoustiques et électroniques s’est avérée très riche pour le principal intéressé.
«Cette approche est beaucoup plus représentative de qui nous sommes devenus, en général. À mes débuts dans les années 1980, j’étais très réfractaire à l’endroit des gadgets électroniques. Maintenant, nous sommes submergés par ces objets. Ils ont envahi nos pensées et nos comportements. Et finalement, j’ai aimé travailler avec les ordinateurs et les instruments numériques. C’est devenu un mariage naturel dans mon travail.»
***
L’album est disponible depuis le 28 avril.
Outre les deux concerts qui seront offerts à la Maison symphonique,
les 2 et 3 juillet dans le cadre du Festival international de jazz de
Montréal, voici d’autres dates confirmées en novembre, au Québec :
18 Saguenay – Salle Théâtre Banque Nationale
19 Trois-Rivières- J. Antonio Thompson
20 Ville de Québec – Grand Théâtre
21 Terrebonne – Théatre du Vieux-Terrebonne
22 Sainte-Thérèse- Théâtre Lionel-Groulx
24 Sainte Geneviève – Salle Pauline Julien
25 L’Assomption – Salle Hector-Charland
26 Saint-Jérome – Salle André-Prévost
27 Valleyfield – Salle Albert-Dumouchel
Le Huffington Post Québec
SHAREOne World – Jesse Cook
April 28, 2015
Le Torontois Jesse Cook est reconnu comme un grand nom dans le monde du nuevo flamenco, cumulant plusieurs albums où il mélange ces rythmes à différents styles et la musique de divers pays. Trois ans après The Blue Guitar Sessions, il lance un nouvel album, intitulé One World, représentant sa vision d’un monde à l’image de Constantinople (maintenant Istanbul), au carrefour de l’Ouest et de l’Est, où toutes les cultures se rencontrent. Ajoutons à cela les musiques du passé et du futur, et le mélange est complet.
C’est Shake qui démarre l’album. Très rythmique, autant avec les clappements de mains et dans les percussions électroniques, on a quand même droit à une musique axée sur son indéniable talent à la guitare. Une énergie similaire se retrouve ensuite sur Taxi Brazil, avec même quelques scratchs.
Once nous amène ensuite dans un registre beaucoup plus léger mais aussi très réussi, et surtout très près du new age. Puis il nous amène en Inde avec Bombay Slam. Ses meilleures compositions demeurent les plus aériennes : To Your Shore, Three Days, When Night Falls et Beneath Your Skin, par exemple, nous donne envie de fermer les yeux pour mieux savourer le moment.
Belle collaboration de Tommy Emmanuel au steel string guitar dans Tommy and Me, où deux excellents guitaristes se rencontrent, sans surenchérir. Chapeau aussi au nom de pièce le plus étrange : Steampunk Rickshaw. Même la musique, mélangeant ces deux cultures difficilement plus aux antipodes, est assez représentative du nom.
La dernière piste, Breath, mérite qu’on s’y arrête : intro en guitare solo, puis on sent la brise arriver doucement, avec des percussions légères et des cordes fantomatiques. Une finale toute en douceur, pour faire contraste avec le début rythmé de l’album One World. Très réussi.
Les titres aidant, il est facile pour plusieurs pistes de savoir où Jesse Cook nous amène. Chaque piste nous fait voyager sur le globe, le tout sans perdre le fil conducteur qui est probablement la guitare du Torontois. Il réussit très bien son pari de créer des émotions, seulement avec une musique ambiante à l’efficacité redoutable. Plus que jamais, Jesse Cook nous rappelle qu’il y a toujours d’autres avenues à explorer dans la musique. On l’en remercie!
À écouter : Once, Beneath Your Skin, Breath
8,4/10
Par Olivier Dénommée
– Critiquedesalon.wordpress.com
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April 21, 2015
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